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LA TRAHISON DE MERCURE - POLAR FANTASTIQUE - EXTRAIT -2- CHAPITRE DIX -


Saturnin Baudruchet se plaça face à l’assistance, Isabelle Gardel ceinturait sa taille en étau, signe puissant de protection la fauchant en deux. Ses mains saillaient, comme deux oblongues coulées de cire prêtes à se rompre sous l’entaille profonde du bracelet-montre la mordant cruellement. C’était nouveau, cette laide entaille de plastique noir sur l’avant-bras. Paoli arbitrait, retiré dans un angle, Nadal droit comme un Sphinx ne parvenait pas à se détendre. - Le mercure, commença Baudruchet, recherchant ses mots, est l’unique métal demeurant liquide à l’état ambiant, hautement toxique si on doit le manipuler régulièrement, ou ne serait-ce que vivre dans sa proximité. Le verre n’en est pas moins figé, il continue de s’écouler, même lorsqu’on le cadre solidement au carreau d’une fenêtre. Comme le dirait le très populaire Jerzy Zarzycki: « Un verre est un solide non-cristallin présentant le phénomène de transition vitreuse » … Il est - et qui le penserait - un matériau amorphe non-cristallin, ce qui est à proprement parlé, la définition même de « l’amorphe », rencontré en chimie usuelle, comme tout le monde le sait… Nadal… Verre, mercure, fluidité, flux… Pour agrémenter la sauce, si j’ose dire, viennent ensuite nos chers amis les photons stellaires. Ces derniers transportent une multitude d’informations, provenant de distances incommensurables, d’endroits les plus reculés du système solaire, voire même bien au-delà de ce dernier. Vous me suivez toujours ? Bien… Non-content de transporter une Histoire, ou des histoires, voire des ères et des ères, eh oui… Ils « transbordent » également toutes sortes d’événements, d’actions passées et trépassées, ce que je pourrais même affirmer sans aucune peur du ridicule, « d’existences fossiles », ayant peu ou prou rencontrés leurs particules... Ce qui est déjà suffisant… Mais ce n’est pas tout. Je résume pour clarifier la situation : verre, mercure, photons, autrement dit, dans l’ordre : suspension, Fixatif, Révélateur. La lumière traverse le temps, via l’espace, avec toutes sortes d’événements ayant existé, accidentels, volontaires ou fugitifs, ou se créant à peine, mais perdurant tant que le rayon n’a pas fini sa course depuis la zone gâchette dite « d’instants présents » , jusqu’au tropisme de l’élément cible, une fraction de secondes plus tard, ou alors trois cent-mille milliards d’années-lumières plus loin… Alors que la source est déjà tarie. C’est pas mal non ! Tout va toujours bien ? Parfait… Si le temps entre en jeu, il faut donc un espace, puis une courbe, donc un volume, mais… Lorsque tous ces éléments clés frappent de concert la surface amorphe du dit miroir, et se réfléchissent de manière diverse, soit concave, convexe, plane, ou obscure - on y reviendra - alors, oui… Il peut survenir des événements et des actions pouvant totalement modifier nos exiguës sphères de réalités, et composer des multitudes d’existences parallèles, tout autour de nous, voire en nous, comme si nous étions immergés ou inondés dans diverses marées de bulles, elles-mêmes contenues en d’autres mers et flux... Ou bouillons cosmogoniques. Voyez-vous… Il y a tant de façons de s’égarer ! Car… Là survient la grande loi touchant au problème vous assaillant cruellement et dont je suppose, vous commencez à saisir toute l’ampleur ; ce qui a été réfléchi de la sorte, ne doit absolument plus entrer en contact avec aucun objet brillant, susceptible de pouvoir refléter quoi que ce soit, sous peine d’être capté et transformé, modifié dirais-je pour être plus concis par d’autres « éclaboussures ! » Je n’ ai pas la preuve formelle de ce que j’avance… Mais hélas tout porte à le croire… Celui qui a trouvé le moyen de capter ces informations, au début très certainement de façons accidentelles ou aléatoires, puis de les assimiler, les comprendre pour enfin les digérer et en constituer une science… Celui-là, Madame, Messieurs… Possède à lui seul l’arme absolue donnant tous pouvoirs chez l’homme, soit : Générant un tyran ou la sagesse infinie et l’ensemble des connaissances ancestrales, devant normalement être archivées chez le « sage ». Comme toujours, nous buttons entre le sage monolithique et le singe archaïque, destructeur, ou l’homme accompli ayant réuni en lui et autour de lui, la pluralité des fragments refondus et ne formant alors plus qu’une seule et unique unité, parfois même un nouveau corps. Autrement dit une cristallisation ou CHRISTallisation... Intéressant, vous en conviendrez ! La connaissance qui toute embrasse et tout réfléchit, ce que les Bouddhistes nomment : « La sagesse du grand miroir. »

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