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La tête sur le traversin

à Jenny B.

La tête sur le traversin,

Je sillonne sur le satin.

Mais j'avoue j'ai pour dessein,

De te vaquer à travers seins,

Même si c'est qu'un petit dessin,

Pouvoir tenir en ma main,

Ta frêle esquisse sur vélin.


Je circule dans la nuit,

En gros excès de prouesses,

Mais je perds de la vitesse,

En équilibre sur une caresse,

En équilibre sur une caresse,

En équilibre sur une caresse.


Je t'attends jusqu'à minuit,

Assis sur le bord de mon lit,

Sans dormir et sans repos,

Que tu m'ramènes un bout de peau.

Toute la nuit jusqu'au matin,

J'attends les soies de ta main,

Les couleuvres de tes bras,

Tes jambes nues et sans bas,

Tes jambes nues et sans bas,

Tes jambes mues sans bas.


La nuit neige à gros flocons,

Encre noire et malfaçons,

Elle neige la nuit sur un miroir,

Qui se remplit sans te voir.

Si tu savais et même blême,

Même malade comme je t'aime,

Si tu savais sur la page,

Comme la peine à ton image,

Comme la peine à ton image,

Comme la peine est ton image.


Allongé sur le vieux grabat,

Mi fourmi mi cancrelat,

Je suis un vampire assoiffé,

Qui de toi veut s'étoffer.

Si tu savais toi beau radeau,

Je voudrais tant comme au rideau,

Que la brise berce d’un flot,

Pouvoir m’allonger sur ta peau,

Et te voguer en tyran d’eaux.


Je voudrais tant une fois encore,

Contre les hanches de ton Bosphore,

Sentir les arcs de ton bassin,

Me tirer jusqu'en bout de port.

Me tirer jusqu'en bout de port.

M’attirer jusqu'en bout de port.


Je voudrais bien sur traversin,

Te meuler jusqu'au dernier grain,

Lâcher l'ensemble du kérosène,

Tout au fond de ta trirème.

Je voudrais tant ramer la couche,

Et prendre tes os à la louche,

En prédateur dev'nu farouche,

Monter ton eau jusqu’ à ma bouche.


Toi qui ne cesse de m'appeler Loup,

Le loup y est et te chaperonne,

Il ouvre la gueule et te hameçonne,

Laissant en lui sommeiller l’homme.

Il joue père grand et plus perdant.

Il joue oui, tout au fond de toi,

D’une flèche taillée dans le bois,

De toi qui demeure aux abois,

Effarouchée au fond du bois,

De ce bois tout au fond de toi,

De toi clouée sur le bois,

Du bois jailli au fond de toi.


La tête sur le traversin,

Je te sais de chair et de sang,

Et boire dans le creux de ta main,

C'est boire du vinaigre et du vin,

Coulant à flot de tes bras blancs.

C'est boire en vain l'acide onguent,

De tes bras blancs rongeant mes flancs.


Tu sais que je suis éperdu,

Rucher ouvert pour tes abeilles.

Mon seul rayon est de ton miel,

Mon seul essaim te tète nue,

Mon seul amour demeure blanc,

Blanc scintillant comme toujours,

Blanc recouvert par tes flancs.

Mon seul amour au contrejour,

N'inscrit que toi sur du velours,

N'inscrit que toi sur du velours,

N'inscrit que toi sur le velours.


N’inscrit que toi toujours.

LC

© Luciano Cavallini " La tête sur le traversin " juillet 2022.

- Tous droits de reproduction interdits, sauf accord de l'auteur -

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