La tête à l'envers.
Oui, la tête est à l'envers
C'est tiré par les cheveux
Renversant au revers
Recto verso, ensemble on se perd.
C'est moche de voir la tête en bas,
Les hommes marcher pas à pas,
Comme s'ils étaient en Australie
En doubles empreintes d'acrobaties.
Gigi Caculeanu, quelques secondes avant sa grande première.
C'est moche et chacun croit voir, Les étoiles en haut, la terre en bas, Mais en fait ils perdent la boule, Un seul faux pas et tout s'écroule. Si la toupie vacillait tête en terre, Les eaux d'en haut et celles des mers, S'écouleraient en des cieux contraires, C'est bête mais tout se ficherait en l'air ! L'eau ne tourne déjà plus dans le même sens, Entre les baignoires, douches et siphons, Elle n'arrive plus à décider ses flots, Voguant hagards en bouts de fonds. Les points ne deviennent plus cardinaux, Les méridiennes trahissent le temps, Si la boule tourne, l'ombre sans repos, Jours et nuits se balance à mi-temps. Une fois on perdra tous les jambes, Pour marcher sur les bras la tête en bas, Et la bourrée normande en violes de gambes, Se jouera des orteils qui feront les cent pas. Il y aura de plus en plus d'alopécie, À force d'user les mêmes péripéties. Comme on use ses semelles c'est choses sûres On sera souillé, usé du crâne comme des chaussures. Oui on marche tous la tête à l'envers, C'est pour ça que la moutarde nous monte au nez, Et qu'on aura beau éternuer, se moucher plusieurs fois, La terre ne nous mettra pas droit. Ça fait longtemps qu'on a perdu le sens, Les sens, nos sens de tout en contresens, Comment voulez-vous on fait les autruches, En remettant le monde sur une baudruche ! C'est bien de dire qu'on marche à l'envers, En fait, c'est un sacré numéro d'cirque ! On fait tous les clowns dans une crique, Sous chapiteaux d'espaces ouverts. On va tous tomber c'est sûr, en manque d'attraction, La gravité des choses deviendra légère et sans tractions, Ni universelle, ni régionale, à force d'être attiré par rien, L'homme s'est retourné les pôles et s'est cassé les reins. Luciano Cavallini per Grande Maestro Gigi Georghe Caculeanu.